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Documentation d'artistes diplômés de l'EESAB, 2015 - 2021

ana anaa

MÀJ 17-04-2024

Les griffes d'argile sont vénéneuses, 2022

vidéo de 10 min 18 sec, montrée lors de la sortie de résidence au metaxu, du 4 mai au 2 juin, Toulon
projetée également lors de l'exposition collective 17 Chambres à la Maison de la Fontaine, oct.-nov., Brest

ci-dessus, vue de l’atelier lors de la sortie de résidence, performance de 45 min avec Friche.capta, invitation à boire des herbes du haut var dans des contenants en terre crue tenant dans les peaumes, crépitant au contact de l'eau, lecture, murmures, et improvisation sonores avec des micros contact


Je suis venue avec l'intention de chercher de l'eau et de l'argile dans une des régions la plus aride de france, de suivre les cours d'eaux de voir où ils me mènent, d'observer et de prélever des sols pour imaginer des êtres de terre interrogeant notre relation à nos sources et origines terriennes, terrestres. Je glane des bois aux courbes étranges que je monte en pattes de louves, s'ensuit un récit que je performerai lors de la sortie de résidence. Mon temps de résidence s'ancre dans des émotions que les lieux parcourus érigent en moi.

En parallèle je lie ma recherche argileuse à des ateliers avec des étudiants des beaux arts de Toulon qui m’accompagnent en ces errances et divagations imaginaires plurielles. Nous imaginons des contextes de création singuliers de réalisation à plusieurs mains, à esprits vagabonds.



extrait, performé le 3 juin 2022 lors de la sortie d'atelier au metaxu


As far as I can see is a mountain

Rising among the giants

A being on her own

Listening to the wild thunder and enduring the caresses of the wind

I remember her as a refuge from which I look down to the sea

From whom I enter the water, the rain keeps falling.

I am a being of tears

The cliff is in my back, I feel her presence. Rooted in my neck.

I drift in the warm liquid surrounding. I am hold by the sea. Balencing in the waves, listening to the drops holotropic flood covering my eyes

I see no longer

Je veux que tu résistes

Que tu éprouves le silence et les montagnes, que tu portes en toi le vide que contiennent les vallées.

De mille chants d’oiseaux elles résonnent.

impregnating my veins

les griffes d’argiles sont vénéneuses

sans douleur elles pénètrent la chair de celui qui s’en approche. Puissiez vous les retirer avant que vous ne sombreriez dans un sommeil si profond.

De toute fatigue je ris et vous regarde émerveillée

Porter ces corps de terre à vos bouches nés au creux de mes mains pour que vous puissez recueiller les larmes du ciel, le souffle chaud des montagnes.

Courez

Levez les yeux pour regarder les étoiles de nuits obscures

Les bois se délient en pattes d’êtres crépusculaires, elles arpentent les plaines et courent comme des louves à la recherche de terres nouvelles pour leur portée quelles sentent grandir en leur ventres.

Corps d’argiles minuscules qui sont les roches agglomérées au sein de nos peaumes. Comment se font les montagnes ? sont elles descendues du ciel, ne lévitent elles plus ?

en les prenant en nos peaumes nous trinquons à leur retour en nos corps.

Nous sommes entre nous. Dans la pénombre qui est comme un mensonge.

Les messagers de l’ombre restent, les autres sortent.

Les éclipses sont les tremblements des astres qui refusent d’êtres vues.

Le temps dès lors ne nous appartient plus, il se dilue dans la noirceur et se diffuse dans le vide.

Courez à la lumière.

Courez dans les herbes hautes.

J’aurais dû vous demander dès votre entrée. Avez-vous cherché les issues ?

Combien de visages absorbent les montagnes ? nos langues se mèlent en ce même geste de recevoir un elixir qui nous vient d’ailleurs.

Levons nos peaumes à la voûte céleste.

Cueillons des tranquilisants cosmiques pour nos âmes errantes terrestres.

L’eau n’est que de passage en nos corps, nous retournerons à la terre. Terre qui nous précède et succèdera.

Ses veines sont arides. Ou submergées. L’au-delà est proche.

Si je réitère la question, de quel présages nous viennent les terres que nous ingérons ? Quels êtres bâtirent ces mondes ? quels vœux émirent-iels quand à leurs héritier.e.s ?

L’argile est une nébuleuse.

Le courant d’une rivière.

Et si vous fermez les yeux, vous entendrez un chant étrange venant de je ne sais où.

ci dessus: sur le terrain, sculpture réalisée à 6 mains sous la pleine lune à La Crau, bercés par le chant de grives

 ci dessous: détail de l'atelier lors de la sortie de résidence, argile séchée à l’air libre en bas et au dessus, poussière de cette même terre mise au four à céramique. La couleur est légèrement différente la texture également (beige en bas et vert pâle en haut, poudre extêmement fine) terre d’un barrage artificiel à coté de Toulon