Diplômée de Sciences Po Lyon en 2013 et des Beaux-Arts de Lorient en 2021, Alix Frégier développe une pratique hybride, profondément ancrée dans le réel, à la croisée du documentaire et de l’Art contemporain.
Influencée par la pensée écoféministe, qui établit des liens entre écologie et féminisme, ses travaux portent une réflexion sur notre modèle de société, nos manières de vivre et de penser le monde.
Pour son DNSEP, elle présente Hors-cadres, un projet qui retrace son reportage chez des éleveurs du Larzac à l’été 2020.
Le projet comprend une exposition photographique et sonore, une série de podcasts et une installation vidéo. Le film est sélectionné par la Scam pour participer à la finale du prix Emergences 2021 au Cent Quatre, à Paris. L’exposition est présentée en mai 2022 à l'espace Passe-Ouest de Ploemeur.
En 2022, elle fait une résidence au sein du collège de Kerentrech, à Lorient, à l’occasion de la fermeture historique de l’établissement scolaire. La résidence donne lieu à une exposition et à une édition intitulées Kerentrech, le collège de tous les sens, accompagnées de capsules sonores.
Elle participe la même année à un collectif d’artistes invité par l’Université Rennes I pour explorer la notion de « temps étudiant ». Elle y présente à quoi passez-vous le temps, une fresque participative réalisée à partir de gommettes de couleur.
En 2022, elle expose à la bibliothèque de Damgan l’installation Le lavoir, mêlant le son, la photographie et la céramique. L’installation est le premier volet d’un travail de recherche au long cours sur la notion de matrimoine à travers la figure des lavandières.
En novembre 2023 elle présente à l’espace Passe-Ouest de Ploemeur une installation multimédia sur le thème du cyberharcèlement, produite par le service jeunesse de la ville de Ploemeur (56).
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A travers la photographie, la création sonore, la collecte d’objets ou la vidéo, Alix Fregier développe des projets engagés et réflexifs. Sa démarche ancrée dans une pratique documentaire questionne nos modes de vie et notre manière de concevoir le monde. Avec une approche enracinée dans le réel, elle nourrit ses œuvres de rencontres, d’investigations, de récolte de matériaux, données, archives et témoignages. Elle construit de nouveaux arrangements de signes et forme un nouveau partage du sensible. En se penchant sur des existences réelles, associant la trace et le récit, elle pratique une forme d’ethnographie artistique.
Sa quête de véracité la conduit sur le plateau du Larzac à la rencontre d’éleveur·se·s dit·e·s “hors cadres”, jeunes trentenaires repreneurs de fermes. Son installation photographique, sonore et vidéo, donne vie à leurs récits de vie alternative. Au sein d’un collège, elle s’intéresse au harcèlement scolaire et au cyberharcèlement. Ses réflexions sur la responsabilité collective donnent forme à une installation immersive où les tags d’insultes et les portables jetés à terre côtoient une ambiance sonore anxiogène de bruits métalliques, notifications, aboiements et témoignages. Qu’Alix Frégier porte son regard sur des parcours de vie atypiques ou des méthodes d’éducation alternatives, sa démarche témoigne d’une mise en perspective du réel et d’un engagement social. Ses installations deviennent des espaces d’échanges où se discutent les problématiques qui irriguent notre contemporanéité. Son processus inscrit dans la durée vise l’exploration de l’altérité, une relation à l’extériorité qui implique une nécessaire mise en avant d’une position d’énonciation située, une part de construction commune. Son approche sensible est caractérisée par la recherche d’une mise en présence par l’immersion. L'œuvre déborde et place l’individu au cœur du récit.
Doriane Spiteri
Texte écrit par Doriane Spiteri à l’invitation de Documents d’Artistes Bretagne pour BASE, décembre 2023